[TEST FORUM] NS SURGE 2 2012 : Betadine

NS. Bikes est une marque connue, archi-connue, voire même trop connu dans le milieu Dirt/Street/Park pour ses cadres Chromo de bonne facture et à bas prix. Dans ce domaine, NS Bikes fournit un cadre hardtail pour le freeride et la DH en rigide tout en Chromo 4130, le Surge.
Présentant un prix plus qu’alléchant pour monter un vrai Hardtail qui sent le dessous des bras (le cadre neuf se négocie autour de 320 Euros alors que la concurrence tourne généralement aux alentours de 600€ pour un cadre Chromo) J’ai commandé un cadre pour l’assembler et en faire mon spad principal, avec quelques exigences particulières. Je vais parler de ces exigences avant d’entrer dans le détail des pièces, puis vous parler du comportement de ce montage, que j'ai nommé affectueusement Bétadine.



LES BESOINS PERSONNELS

1)La simplicité : habitué aux sorties « sauvages » hors stations, je me doit de rouler sur un spad fiable c’est pour cela que j’ai misé sur une simplicité maximale. En Station il est possible de trouver une roue de rechange ou un pneu, mais changer la biellette carbonne/titane de la suspension « ultra torque monolink + alpha turbo prime» peut vous bloquer un spad tout l’été. Il en va de même pour la ville car le vélo doit pouvoir me trimballer tous les jours en vélotaf et vélopain. Le Surge devenant mon outil de déplacement principal, je dois pouvoir monter dessus à n’importe quel moment sans avoir à me poser de questions pour rouler.
2)Un entretien aisé : sur les chemins de montagne je croise deux ennemis, la poussière et la boue. Le dégagement des pneus doit être optimum et le nettoyage doit être le plus simple possible. Il en va de même en ville ou les dépôts d’hydrocarbure sur le bitume ont tendance à crassouiller et noircir le spad sans rien faire, au risque de détériorer la qualité de la peinture.
3)Un poids contenu : Le choix de monter un hardtail permet aussi de monter un vélo au poids raisonnable qui offre un bon rendement, des relances franches et de décoller sur tout et n’importe quoi et de prendre sa dose de fun sans avoir à se jeter dans des drops monstrueux ou de devoir shaper des eject de plusieurs metres.
Ainsi il devient très facile de gravir une face abrupte avec moins de 14 kilos attaché dans le dos, ou de faire des mini-whip en couinant sur la moindre racine que l'on croise.

L'EQUIPEMENT:

Un rapide descriptif:

-Fourche Domain 302
-Jeu de direction Cane Creek S3
-Potence Evolve AM
-Guidon Specialized enduro comp
-Freins Hayes Prime Expert
-Disque XLC 180mm
-Pédalier Truvativ Descendant
-Pédales Nuke Proof Electron
-Roues Mad disc Magma (moyeux avant B52 arriere Shimano M525)
-Kit Single Speed SB3

En y regardant de près, la fourche Domain 302 peut sembler un peu grosse pour le spad. Ce fut vrai mais depuis une vidange très sérieuse et un bricolage de mon bouclard, la fourche est en bon accord avec le reste du VTT. Elle pompe peu, plonge peu au freinage mais reste assez sensible et encaisse les gros chocs. J’ai bossé un peu mon assiette en vol ce week-end, je ne plonge pas tant que ça de l’avant.
Le choix du Single Speed est temporaire mais reste un choix en 36x16 tout à fait convenable, sachant que je n’ai pas forcément besoin d’embarquer un gros braquet pour mes sorties. Avec ce développement, j’ai encore de bonne accélerations et ma vitesse de pointe se porte sur bitume à 40 Km/h.
Les freins quant à eux, rien à dire, ils sont modulables à souhait grâce au réglage de la garde et du point mort de l’attaque des plaquettes, j’ai pu avoir un frein dosable mais puissant pour l’avant et bien sec pour l’arrière (inutile de moduler l’arrière en hardtail, quoi qu’il se passe, la roue bloque et part en traineau)

Le montage a été fait comme suit :
-Protection interieure du cadre au WD40 + protection des zones sensibles à la graisse fine (gousset de renfort) pour éviter la corrosion.
-Graisse à roulement/pédalier/direction/moyeux : Graisse fine Shimano (verte)
-Graisse fine vaseline : Tube de selle et patte arrière et montage basique (vis de potence, pédales, montage des étriers).
-Vidange fourche : 5WT (hydraulique) puis 50%Redrum/50%Huile 10Wt (jambage) monté à la Juddy Butter.

La fourche a été vidangée et les joints changés avec soin par mon vélociste, je lui ai fourni la fourche (la récupération d’un Rockrider 9FR) et le kit de joints, il m’a rendu une merveille préparée avec amour et graisse haute qualité. Elle est monté avec le jeu de direction Cane Creek S3, un roulement peu cher avec roulements à cartouches, un vrai poids plume.
Le pédalier est neuf, un Truvativ Descendant que j’ai eu en promo, moins de 850 grammes avec les roulements, le meilleur rapport poids/solidité/prix du moment.
Le poste de pilotage est quasiment neuf hormis la potence Raceface Evolve AM, une construction « Shadow » présentant un corps creux pour atteindre seulement 170 Grammes provenant d’un Supreme Racing de 2009, un poids plume pour équilibrer un peu le poids de la Domain. Trouver plus léger m’aurait obligé à taper dans une gamme de prix non justifié pour le programme.
Les roues MAGMA sont des montages ultra-simples, qui sont d’origine montés sur le Q-bikes Shaolin. Elles manquent un peu de rigidité mais tiennent le pavé. La roue libre elle est d’un shimano M525, il ne faut pas vraiment s’attendre à des miracles pour un moyeu à 20€, mais ça fonctionne, donc, tout va bien pour le moment.
Les gommes quant à elles, du Specialized Purgatory 2.4 à l’avant, un bon pneu mixte, qui bouffe un peu du rendement mais a une accroche fabuleuse, et un barracuda 2.35 à l’arrière, usé jusqu’à la corde, donc je n’en causerai pas plus.

Il ne reste plus qu'à monter dessus, et l'utiliser, la suite sera donc au prochain message pour les tests en grosses conditions!!

Alors ca donne quoi ?
Pour finir les réglages de ce montage, j’ai utilisé un petit single près de chez moi ou la plupart des conditions de pratique du hardtail est présente. Un single propre, entrecoupé de racines, quelques marches de 1 metre maximum, des passages de troncs trialisant et des zones boueuses. La descente prend environ 5 minutes car il y a des jonctions ou le pédalage est à l’œuvre et des petits raidillons qui viennent casser le rythme respiratoire et cardiaque, surtout en single speed ou la reprise du pédalage peu se faire au mauvais moment et la mauvaise cadence et vous flinguer un rider en moins de temps qu’il faut pour dire « SUBSINEUH ». Mais avant d’attaquer la descente…Ben faut monter !!

PRISE EN MAIN :
La première prise en main m’a totalement dépaysé de mon ancien Shaolin.
Le Surge n’a aucune tolérance et le fait vite savoir. Ses bases relativement longue se veulent rassurantes, mais sa colonne de direction est très droite, on a l’impression d’être sur un spad de street, bien plus qu’un DH ou un freeride. Il suffit de tourner le cintre pour que le spad vire violement. Une erreur d’appuis et vous pouvez dire bonjour aux bas-cotés. Pourtant je pensais que les 180mm de la Domain arrangerait un peu la sauce mais non, la direction est incroyablement droite à la manière des spads de parc.
Là ou le shaolin pardonnait encore des erreurs malgré sa rigidité, le Surge envois directement au tapis.
En bref, après la première descente, je n’étais pas vraiment satisfait, je n’étais pas en confiance…Mais qu’importe, je fini mes petits réglages et je me relance à nouveau…

ON DEBRANCHE ET ON Y RETOURNE
La selle était un peu trop monté sur l’arrière, en deux coups de clés, je l’avance de quelques millimètres, histoire d’être plus à l’aise lorsque je me porte sur l’arrière du spad.
Je me relance dans la descente, et malheureusement je manque de valdinguer encore une fois dans le décor, cette foutue roue avant partant en sucette dès que je tourne. Qu’importe, je remonte au point de départ, furieux, et rabaisse de deux clics la détente et je m’élance en mode gros énervé sans même attendre mon compagnon de descente. Je viens de perdre plus de trois cents euros dans un cadre qui ne me convient pas, va pas falloir me titiller !!

LA TROISIEME C’EST LA BONNE .
C’est reparti…au lieu de me laisser glisser comme d’habitude, je commence à donner des coups de pédales pour relancer encore plus fort et plus vite, La rage au ventre. Le Surge, à croire doté de raisonnement, se plie à ma volonté, sentant certainement sa dernière chance. Le premier virage en dévers arrive, je penche le spad comme un mort de faim pour l’envoyer à l’erreur…L’avant reste collé au sol l’arrière part en traineau, obligé de taper le pied au sol pour me redresser. Aucun probleme…Miracle !! Le VTT se remet dans la direction idéale à la vitesse parfaite et l’adhérence parfaite !! Je continu donc à le malmener, lui imposant ma direction et non la sienne. Tout semble aller pour le mieux.
Tout le reste de la descente fut du même accabit : obligé de se donner physiquement toute la descente, de brusquer le cadre sans concession pour en obtenir le meilleur. C’est un cadre qui demande de l’attention et du bourrinage, mais il le rend de façon magnifique.
Les virages, qu’ils soient inclinés ou en dévers ne sont qu’une formalité, on sort très souvent des épingles en manual et avec une pêche incroyable. Le moindre whoops naturel devient une piste de décollage et un festival de whips ou de table top. Etant de petit niveau, j’avais pourtant atteint les limites de pilotage et d’adhérence de mon ancien Shaolin. Et bien j’ai l’impression que cette limite maximale sur le Shaolin correspond au minimum requis pour le Surge pour en apprécier sa véritable nature.
Au niveau de la position, je suis encore très posté sur la roue arrière car le report du poids doit être franc, le Surge n’appréciant que très peu une position intermédiaire. Soit on s’assoit sur la roue arrière, soit on reporte totalement le poids du corps sur le cintre. Bref, pas de demi-mesure sur la position on est en attaque permanente.
La récompense d’un effort physique sur le Surge est tellement bien rendue dans les descentes que la sensation de fatigue n’est pas plus importante que sur un hardtail facile à manier. La banane et les souvenirs s’enchainent à un rythme qui m’a fait oublier la tombée de la nuit, je rentre donc par le sentier en mode Stevie Wonder, la tête pleine d’images, les mains encore tremblante d’adrénaline.
Le dernier tronçon est une grande ligne droite pleine de marches à environ 12 à 15% d’inclinaison, généralement « la dernière» entre potes avant de rentrer en ville. Ca tabasse, mais c’est assez lisse pour tirer une bonne bourre en hardtail. Je m’élance à fond et regarde la stabilité du spad. Rien à redire non plus à ce niveau, mais pour avoir cette stabilité, il faut envoyer au-dessus de 25 km/h sans quoi c’est le rodéo pour le tenir. Attention aussi à la position sur le bike, en arrière toute !
La roue avant quant à elle, suite à la vidange de la fourche, reste collée au sol sur un rail et ne fera jamais défaut sur temps sec et intermédiaire


CONCLUSION :
Le NS Surge monté à la sauce Bétadine est un spad sans concession, fait pour l’attaque permanente. Le plaisir procuré par cet engin est de loin un des meilleurs que j’ai pu avoir sur un rigide, certainement car c’est mon premier vrai Chromo. Ma progression en descente s’est encore amélioré depuis et je continu d’attaquer les singles et les drops encore plus sans en voir les limites de la machine. Je ne pense pas voir un jour les limites de ce cadre qui demande tout de même un certain physique pour l’amener où on veut.
Par contre, les riders timides ou dans le doute finiront certainement au tapis avec cette machine entre les jambes et je ne le conseillerai pas comme premier hardtail pour se faire la main car il demande d’avoir déjà les bases de pilotage en rigide. Il demande une répartition du poids du rider très précise et son angle de direction, qui lui donne sa vivacité, pourra en surprendre plus d’un pour de la descente.

LES PLUS :
-Cadre Chromo
-Prix sur le marché
-Vivacité et répondant
-Fiabilité du comportement
-Sans limite

LES MOINS :
-Demande un bagage technique
-Casse-gueule si on laisse piloter le vélo
-Nécessite de l’engagement et de la vitesse
-Déconseillé aux débutants

Ça c'est un test complet !